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à propos de l’exposition « 800 grammes »

dialogue avec François Gaulier….

 

C’est la deuxième fois que tu utilises la laine en tant que matériau. C’est venu comment ?

La première expérience, c’était pour un fête privée, une fête musicale. Le fil tressé s’est imposé de lui même à cause du titre de l’installation « la Trame » avec comme sous titre « ÉÉÈ Éphémère ». La trame, c’est un terme utilisé par les tisserands, les géomètres aussi. C’est devenu aussi un moyen pour analyser le monde : on découpe le monde; longitudes et latitudes définissent par exemple une trame sur une surface courbe comme la terre.

C’est la structure qui est importante dans ce terme, la trame c’est le support de quelque chose à venir, c’est un cadre qui permet de penser l’informel.

 

Sur ce projet, tu as commencé par définir une règle du jeu, sans à priori. La seule chose qui était dessiné sur l’avant projet, c’était le lieu et ses limites, la maison dessinée schématiquement, les arbres aussi …
Oui, cela s’est passé comme cela, un principe ou une règle du jeu pour un lieu particulier avec cette dimension  in situ , la prise en compte de l’existant. Le travail de François Morelet m’est revenu en mémoire. Avec un logiciel 3D, j’ai tiré des lignes, dans le plan, dans l’espace. Le plan d’architecte ou de géomètre est une façon de s’approprier l’espace, de le comprendre, d’intégrer les dimensions et les volumes. Le plan, un outil incroyable inventé par le genre humain pour redessiner le monde tout en essayant de le comprendre.
L’intersection des lignes de la trame dessinée permettait de définir des sous-espaces d’intervention plastique. J’ai même imaginé que d’autres plasticiens pourraient intervenir sur ces micro espaces. Après, c’était possible d’étendre le projet aux maisons avoisinantes, le principe pouvait fonctionné à différentes échelles y compris du quartier, de la ville…

Et la laine ?

Plutôt que prendre du fil ou de la corde, le fil de laine a une autre dimension, plus chaleureuse. Elle est utilisée pour envelopper le corps humain, pour le révéler, voire le cacher ou pour l’embellir. Tissée, tricotée, la laine devient un espace intime qui apporte de la chaleur, de la fragilité aussi, elle se tricote comme elle se détricote dans un processus réversible à l’infini.

L’espace est tramé et tu tricotes l’espace ?

À partir de la trame, on dessine des surfaces et des volumes avec des fils de laine. La matérialité du fil est génératrice, l’ensemble crée une surface. Par un jeu de plein et de vide, l’œil humain fait le lien de continuité visuelle entre les coupes, imagine l’absent. Reste un vocabulaire minimaliste suffisamment riche pour jouer de différentes variantes.

Daniel Buren dit que les bandes de 9,5cm de large qu’il utilise constitue un vocabulaire. Le fil de laine, la gravité, le plein, le vide s’inscrivent dans une démarche similaire.

La création de surface, le modelage des formes avec des pleins et des vides est un travail que je développe depuis des années. J’ai commencé la sculpture à 20 ans en découvrant le travail du sculpteur Henry Moore en même temps que celui de Cardenas, Brancusi, Ulrich Rückriem et d’autres qui travaillaient beaucoup tant sur le plein que sur le vide. Je m’appuie aujourd’hui sur ma pratique de sculpteur avec un autre vocabulaire, à une autre échelle avec une dimension monumentale. Celle-ci se révèle dans cette série de sculptures en bronze « Les géants » alors qu’elles ne font que 20cm de hauteur!

Il y a donc un lien très fort entre ce travail avec la laine et la sculpture que l’on pourrait dire « classique » ?

Oui, c’est pour cela que je préfère dire que je suis sculpteur plutôt que plasticien, une référence à un artiste qui travaille la matière.

Si Cardenas, Moore, Brancusi …. étaient contraints aussi par la matière, pour cette installation avec la laine, la contrainte est la gravité terrestre. Si tu accroche le fil à un bout, l’autre étant libre, cela fait une ligne verticale. Si tu l’attaches aux deux extrémités, cela fait une courbe, plus exactement une chaînette. On peut l’expérimenter facilement ou le voir dans la nature. Les lignes à haute tension qui zèbrent l’espace dessinent une chaînette. Les électriciens, à leur manière, font du land art ! Après, il y a aussi le travail de l’architecte Antonio Gaudi qui simulait dans son atelier ses architectures, sa cathédrale avec des cordes et des poids pour visualiser les forces en jeu. De cette analyse directe avec des fils découle une esthétique très forte avec des piliers inclinés notamment dans son incroyable Sagrada Familia à Barcelone. Les piliers inclinés suivent les lignes de force, c’est pour cela qu’elles sont en biais.

Mon travail se décale de la sculpture classique du XX siècle tout en gardant l’essentiel à travers une recherche plastique singulière.

 

Et aussi la dimension monumentale ?
C’est important, car j’ai tout de suite été attiré jeune par la sculpture de grande dimension, plutôt pour l’extérieur. Au Greniers à sel, c’est vraiment une intervention In situ sur plus de 500m2 avec très peu de matière, 800 grammes seulement de laine et beaucoup de vide. Le spectateur remplira ces vides par sa présence active.

Le lien avec Gaudi est net pour ce travail dans les greniers à sel de Honfleur ? Il y a peut être aussi une dimension sérielle …

Une charpente est réalisée à partir d’un même élément que l’on répète plusieurs fois à l’identique. Le charpentier passe donc beaucoup de temps à dessiner ce premier élément pour le perfectionner au maximum et ensuite on le fabrique en plusieurs exemplaires, à l’identique. Cela doit être très rare de voir une charpente avec des principes constructifs différents sur une même charpente ? Ces principes des bâtisseurs sont la signature de leur travail et du bâtiment même, c’est là que se situe la création. On dit que ces artisans sont des hommes de l’art et je m’en sens proche en tant que sculpteur.

Donc, nous avons la charpente qui est l’élément singulier des deux greniers à sel de Honfleur. Les touristes viennent la découvrir, plus de 1500 visiteurs par jour. Cette intervention artistique in situ fait un écho inversée par rapport à la charpente. Chaque trame dessinée par les fils de laine est différente sur 9 mètres de long, une vague se dessine qui est ensuite répétée. Il y a une dimension sérielle et cette répétition crée un rythme comme celui d’une vague.

Les fils tombent du ciel.

Comme avec la pierre, le travail sur le plein et le vide, le négatif est pris en compte à ta manière toujours de façon très sensible. Tu avais déjà travaillé sur ce thème en projetant de la lumière laser sur la voûte d’une église ?
Dans le cadre de l’exposition « Arts sous les clochers »à Yquelon, près de Granville, j’avais projeté un trait lumineux rouge très fin, un trait laser, sur la voûte cylindrique de l’église. Le laser pouvait se déplacer de façon interactive avec le spectateur et dessinait sur le plafond cylindrique un cercle qui se transformait en ellipse à d’autres moments. Cette transformation du cercle en ellipse est une question de géométrie qu’Archimède avait étudié. Pour cette installation in situ, la voûte était découpée avec des tranches virtuelles de lumière, le spectateurs en était le pilote, enfin presque car l’algorithme qui réglait le mouvement des lasers avait son mot à dire. Cette notion est d’actualité avec l’émergence dans notre quotidien, de l’intelligence artificielle avec le poids des algorithmes.

Ce dernier projet avec des lasers et de la robotique «  Hommage à Archimède » est significatif de ton approche avec une dimension scientifique et technologique mais toujours poétique. « 800 grammes » est plus minimaliste comme certaines de tes sculptures que tu as pu faire avec du granit ?
« Clé de voûte » sculpture constituée de deux arches en acier délicatement posées à terre supportent une plaque de granit de 300kg et en constitue le point de jonction, un lien très fort. Cet élément ne pouvait être que en pierre pour souligner un élément constructif largement utilisé par les bâtisseurs. La clé de voûte fait partie de leur vocabulaire au même titre que la ligne, la courbe, le point. D’ailleurs, je préfère le titre en anglais « Keystone » qui est plus explicite et nous informe sur le rapport entre « Forme et Matière », entre « key » et « stone ». La forme : les grandes arches, sont au service du propos artistique, la pierre est la clé de voûte qui donne du sens à cette œuvre.

La sculpture de Vincent Gavinet au Havre qui est juste en face de Honfleur est vraiment dans le même esprit. Je connais ce sculpteur et son œuvre « Catène de Containers » est vraiment hors norme comme celle de Richard Serra au Guggenheim Bilbao ou de Chilida.

Tu as aussi travaillé dans des écoles d’art?
J’ai monté en 1996 le premier atelier numérique à L’École Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris – Ensb’a –. J’ai une formation scientifique d’ingénieur qui m’a permis d’aborder le numérique dans les années 90. Ensuite, j’ai travaillé à L’École Nationale Supérieure de Création Industrielle – ENSCI-Les Ateliers – l’approche design, sa dimension créative m’a beaucoup intéressé. Les étudiants.es de ces 2 écoles m’ont beaucoup appris à travers leurs créations et inversement, par ce que j’ai pu leur apporter.

Il faut aussi parler financement, bénévolat, Aide à la création….et l’implication importante des services techniques de la ville ?
Les trois sponsors sont en lien direct avec l’installation : HappyWool-Phildar pour la laine qui est notre seul matériau sur cette installation, Karver sailing experience qui fournit cordes et poulies pour le montage de « 800 grammes » et Boesner qui est un vendeur de matériel beaux-arts.

Avec ces entreprises et avec le soutien de la mairie de Honfleur, cette exposition d’art contemporain peut avoir lieu dans de bonnes conditions. Nous avons aussi sollicité la DRAC pour une aide à la création.

Il a également des bénévoles pour le montage de l’installation et l’accueil du public, les services techniques de la ville dirigés par Benoît Nicolle. Merci à Murielle Madoyan graphiste à la mairie, Eva Hamard, graphiste indépendante nous a fait l’honneur de réaliser l’affiche somptueuse de « 800 grammes » et Jacquie Guiyoule. Merci à Caroline Thévenin, maire adjointe à la culture de Honfleur, sans eux, rien n’est possible.

13 janvier 2024
François Gaulier, sculpteur

06 63 62 91 85 – contact@gaulier.fr

https://gaulier.fr/evenements/greniers-a-sel-honfleur-800-grammes/

 » Jeux de cadres, sculpture architecture « 

 » Jeux de cadres, sculpture architecture  »
Médiathèque André Malraux, Lisieux

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Ces deux sculptures de quatre cadres orientés orthogonalement dans l’espace, donne un point de vue sur l’espace. Comme on le ferait avec un appareil photographique, cette sculpture cadre l’espace. Le public est amené à regarder le lieu d’exposition à travers le prisme de cette sculpture avec, au sens propre, quatre cadres différents.

Cette œuvre nous rappelle aussi l’importance de la qualité de nos espaces de vie, savant mélange de nature domestiquée et de construction de l’esprit.

Par ailleurs, cette sculpture reprend le vocabulaire des charpentiers et leurs techniques d’assemblage des poutres de chêne, clin d’œil aux colombages des maisons normandes, des charpentes ou des grues industrielles du port du Havre.

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Pour lire l’article sur le site de la médiathèque

 

Francois Gaulier expose ses figures humaines à Touques

S’il est vrai que chaque église romane avait ses gisants, François Gaulier, artiste sculpteur, en a imaginé de nouveaux, aux lignes bien moins tourmentées que leurs ancêtres.

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Les deux figures enlacées, qui ornent le parvis de l’église Saint-Pierre à Touques, sont réalisées en acier. Dans un équilibre parfait, elles font comprendre la quête de leur auteur : « Je cherche à relier l’abstrait au côté figuratif de l’œuvre. »

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pour lire l’article sur Ouest-France

Interview de François Gaulier

 » Un sculpteur, ça travaille la matière  »
Interview de François Gaulier par Véronique Bourget enseignante et Isabeau Gérard, Soline Harding, Julie Petit et Sophie Ung, élèves du Lycée Paul Bourget, 94170

François Gaulier est sculpteur. Il utilise différents matériaux. Ses sculptures vont du petit au monumental, de l’abstraction au figuratif. Elles sont conçues pour être exposées à l’extérieur même les plus petites.

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